Tribunal d’Instance de Dakar : une patronne agresse sa domestique avec un coup de casserole sur la tête

6 décembre 2022 0 Par admin

R. Sarr a comparu devant la barre du Tribunal d’Instance de Dakar le vendredi 02 décembre 2022 pour y répondre des faits de coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail de 17 jours au préjudice de sa domestique Khadijatou Badji. Au terme des débats, la mise en cause a bénéficié d’une dispense de peine, mais devra payer la somme de 350 000 francs à sa bonne pour dommages et intérêts.

Nous avons souvent tendance à constater que les relations entre les patronnes et domestiques sont souvent tendues et difficiles. C’est le cas entre cette bonne dame et sa domestique Khadijatou  Badji qui sont venues solder leurs comptes devant le tribunal d’instance de Dakar le vendredi 02 décembre 2022. En effet, il résulte de l’économie des faits que la dame Rokhaya Sarr a asséné un violent coup à la tête de sa domestique avec une casserole parce que cette dernière avait refusé de fermer la porte. Des faits qui lui ont valu de comparaître devant le Tribunal.

Devant la barre, la partie civile Khadijatou Badji revient sur les faits. Elle soutient que sa patronne a changé de comportement depuis que son mari m’a offert une tablette. Ce jour-là, elle est revenue du travail et elle a sonné à la porte. Je lui ai ouvert la porte comme d’habitude. Par la suite, elle m’a demandé de refermer la porte, mais je n’avais pas le temps parce que j’avais posé de l’huile sur le feu. Quelque temps après, elle me reproche de n’avoir pas fermé la porte en m’insultant de mère et j’ai répliqué.  Jusqu’à ce que s’ensuive une bagarre entre elle et moi. Sur ces entrefaites, elle m’a ouvert la tête avec un coup de casserole, m’occasionnant une incapacité temporaire de travail de 17 jours », déclare la plaignante.

À son tour, la prévenue R. Sarr a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Elle dira qu’elle l’a engagé le 15 septembre 2022. « Elle a fait là-bas deux mois 10 jours, car je devais voyager à Paris. À mon retour, mon mari avait demandé de la laisser partir, car elle ne savait pas cuisiner. Quand je lui ai donné son argent, elle n’a pas voulu partir. Un jour, en rentrant du travail vers les coups de 19 heures, elle m’a ouvert la porte et je lui ai dit de fermer la porte pour éviter les moustiques, mais elle a refusé continuant à exécuter ses tâches. Elle m’a répondu de le faire moi-même, » explique-t-elle.

Elle poursuit qu’elle est allée dans sa chambre pour ranger ses habits. Quelques minutes après, elle est sortie et elle a constaté que la porte n’était toujours pas fermée. « C’est par la suite que je suis allée dans la cuisine pour la raisonner et elle s’est jetée sur moi en me frappant avec un torchon. Constatant l’huile qui était sur le feu, elle a pensé qu’elle voulait l’asperger. Je me suis battue avec elle. Elle a pris en premier la casserole pour me frapper avant de la faire tomber et je l’ai reprise pour la lui porter sur la tête », narre-t-elle. 

Pour le parquet, la prévenue a confirmé ses déclarations devant la barre. « Elle pense que sa bonne voulait l’ébouillanter. Depuis l’enquête, la nommée Rokhaya Sarr a reconnu les faits. Le comportement de la partie civile qui a refusé de fermer la porte ne saurait constituer une excuse de provocation »,  souligne-t-elle. Suffisant pour 

requérir une application bienveillante de la loi pénale au regard des circonstances atténuantes.

Pour Me Moussa Konaté, le fait d’avoir reçu des coups en premier constitue une excuse de provocation. « La prévenue a dit à la barre qu’elle regrette ce qui s’est passé et que son intention n’a jamais été de la blesser », a plaidé la robe noire. En considérant l’absence de passé pénal de la prévenue, Me Konaté demande une application bienveillante de la loi pénale.


Quant à Me Barro, avocat de la défense, il souligne que la partie civile a tenté de relater la fausse version des faits. « Elle ne dit pas la vérité. Ces déclarations l’ont renvoyée dans ses propres contradictions. Comment on peut laisser une porte entre ouverte avec toute cette insécurité. En réalité, elle a refusé de fermer la porte. Les déclarations de la partie civile sont contradictoires, car le témoin Ibrahima Guèye a confirmé que c’est la partie civile qui a frappé en premier. Cette dame ne dit pas la vérité, » mentionne la robe noire.

Au finish, le juge après en avoir délibéré conformément à la loi a déclaré le prévenu coupable et condamné à payer 350.000 francs Cfa à la plaignante avec une dispense de peine pour la mise en cause.