«Ma femme a demandé le divorce…» (2/5) : Boubacar Sy raconte ses plus de deux ans de prison pour un viol imaginaire

1 décembre 2022 0 Par admin

Dans le cadre d’un dossier sur les longues détentions préventives, L’Observateur a donné la parole à des victimes de cette faille du système judiciaire. Épisode 2 : le récit de Boubacar Sy. Ce polygame d’une cinquantaine d’années a été emprisonné deux ans pour abus sexuel sur mineure avant d’être acquitté.

«J’ai été accusé à tort par une voisine de quartier d’avoir violé sa nièce de 15 ans. C’était en avril 2020. Alors que j’étais avec mes deux épouses et mes cinq enfants dans la cour familiale, j’ai eu, à ma grande surprise, la visite des éléments du commissariat central de Tamba. Ils étaient venus m’interpeller car j’étais accusé de viol par la femme de ménage d’une de mes épouses. J’ai été aussitôt conduit au poste, auditionné et placé en garde à vue. J’ai été ensuite déféré au parquet.

«À l’époque, la jeune fille qui m’accusait était orpheline, mineure, célibataire et mère d’un enfant. Elle trainait dans la ville avec son nouveau-né, sans aucune assistance. C’est sur proposition d’une de mes épouses que j’ai accepté qu’elle travaille chez moi. C’était surtout pour l’assister avec son nourrisson. Je l’ai toujours considérée comme ma propre fille. Même après son service, elle restait à la maison jusque tard dans la nuit. En dépit de mes efforts pour la gamine, je n’ai récolté qu’une accusation de viol. Un crime très grave.

«Au moment où je traversais cette difficile période, mon épouse qui m’avait poussé à recruter la fille, me demande le divorce. Je le lui ai accordé automatiquement. Je n’avais absolument rien à me reprocher. Ces accusations n’étaient basées que sur la haine et la méchanceté. Elles m’ont valu une incarcération injuste.

«Avec patience, la vérité finit par triompher. Après plus de deux ans de détention, mon innocence est aujourd’hui prouvée par cet acquittement par la chambre criminelle. Mes accusateurs disaient que j’avais violé la fille dans la chambre de ma première épouse.»