L’opposition sénégalaise est-elle vraiment prête pour la Présidentielle de 2024 ?
16 janvier 2024Une mouvance présidentielle qui peine à se rassembler autour de son candidat et une opposition qui a du mal à convaincre par des idées constructives. Voilà la situation politique du Sénégal, à presque 40 jours de la présidentielle.
Dans le contexte actuel, on devrait accorder plus de crédibilité aux théoriciens d’un report de cette élection, car d’une part comme de l’autre, « personne n’est prêt », comme le disait Cheikh Yérim Seck.
Le chef de l’opposition, Ousmane Sonko, est en prison depuis des mois, son candidat Bassirou Diomaye Faye est également incarcéré, et des nuages planent toujours sur la candidature de Karim Wade. Le fils de l’ancien président de la République doit à l’État 138 milliards, et le dossier sur sa double nationalité est remis au devant de la scène. Khalifa Sall n’est pas sorti de l’auberge, car il traîne des casseroles depuis sa condamnation sur le dossier de la gestion de la caisse d’avance de la mairie de Dakar.
En termes clairs, dans l’opposition à un peu plus d’un mois de la présidentielle, les ténors ne sont pas prêts, car ils nourrissent des doutes sur leur éventuelle participation à cette joute.
Comme tout semble aller mal pour l’opposition, une fracture est en train de se creuser même entre ces formations politiques qui aspirent à renverser démocratiquement le régime de Macky Sall au soir du 25 janvier 2024. Il y a désormais un groupe de 41 candidats qui se retrouvent autour d’un collectif. Ce conglomérat de candidats recalés au parrainage ne serait pas contre un report de cette élection pour qu’une étude plus exhaustive sur le fichier électoral soit effectuée.
Depuis mars 2021, l’opposition sénégalaise n’est que dans la réaction et dans la contestation, et non dans la proposition. Durant ces trois années cruciales, elle a surtout fait campagne pour le départ de Macky Sall, arguant le plus souvent que ce dernier « est un dictateur, il n’est pas démocrate, il a tué la démocratie ». Pendant ce temps, l’opposition a oublié le quotidien des Sénégalais, ce quotidien fade et monotone qui a poussé des centaines de jeunes à braver l’océan pour rejoindre le mirage de l’Europe.