Jour de scrutin au Liberia : George Weah, le footballeur prodige devenu président, en quête d’un deuxième mandat
10 octobre 2023« J’adorais George Weah. Quand il s’est présenté la première fois à la présidence en 2005 contre Ellen Johnson Sirleaf (première femme élue cheffe d’Etat en Afrique, ndlr), j’étais blessé mais je suis allé en béquilles voter pour lui. Idem en 2014 quand il est devenu sénateur pour la première fois », se rappelle-t-il.
« Depuis son accession au pouvoir, nos conditions de vie ont empiré », assure cet homme de 42 ans qui souffre de la hausse du prix du riz et des produits de première nécessité.
– Promesses non tenues –
Issu de l’ethnie kru, une des principales du pays, élevé par sa grand-mère à Gibraltar, un bidonville de Monrovia, George Weah avait promis « une gouvernance publique en faveur des plus pauvres », de créer des emplois et d’investir dans l’éducation. Ce qu’il n’a pas fait, estiment ses détracteurs.
Fin 2022, il a été attaqué pour son absence prolongée en dehors du pays, une quarantaine de jours passés de conférences en sommets, mais aussi à la Coupe du monde de foot au Qatar où son fils Timothy défendait les couleurs des Etats-Unis.
La mauvaise gouvernance est un autre grief qui lui est reproché. Alors qu’il s’était engagé à lutter contre la corruption, elle s’est accrue sous son mandat. Le pays est classé 142e place sur 180 dans le classement de l’ONG anti-corruption Transparency international pour 2022.
Ses opposants accusent M. Weah de laisser le phénomène prospérer. « Il y a une grande différence entre son discours et son action » sur le sujet, estime Ibrahim Nyei, directeur de l’institut Ducor pour la recherche sociale et économique.
Largement absent pendant la guerre civile, il n’a jamais créé le tribunal pour crimes de guerre réclamé de longue date par la communauté internationale et des militants locaux.
Malgré une loi signée en juillet 2023, ses opposants l’accusent aussi de ne pas avoir pris les mesures pour entraver le trafic de drogue, qui fait des ravages parmi la jeunesse désœuvrée.
Dans son meeting d’ouverture, George Weah a répondu qu’il avait construit plus de routes et d’hôpitaux que n’importe qui dans l’histoire du pays, payé les frais d’inscription dans les écoles secondaires et créé des centres sportifs pour les jeunes. Il a promis de poursuivre le développement du pays et d’améliorer le sort des plus démunis.
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