Bougane Gueye : « Il est inadmissible qu’en 2023, le Sénégal ne dispose que de 5 lits de réanimation neurologique »
30 octobre 2023Bougane Gueye prend la parole. Au Sénégal, la Journée mondiale de lutte contre l’AVC met en lumière une situation alarmante. Avec seulement 5 lits de réanimation neurologique pour tout le pays en 2023, le service de neurologie de l’hôpital de Fann se retrouve dans un état préoccupant, en dépit de promesses politiques non tenues. Les travaux de réhabilitation et d’extension stagnent, laissant le personnel médical dans des conditions difficiles. Ce contexte inquiétant nuit à la prise en charge des victimes d’AVC, et une solution urgente est nécessaire selon Bougane Gueye pour que le Sénégal puisse répondre adéquatement à cette crise médicale.
In extenso, la tribune de Bougane Gueye :
Le 29 octobre de chaque année marque la Journée mondiale contre l’accident vasculaire cérébral, ou AVC. Le Sénégal, comme le reste de la Communauté Internationale, célèbre cette Journée mondiale. Cependant, commémorer la journée mondiale de lutte contre l’AVC est un sujet de controverse pour un Sénégal qui, en 2023, ne dispose que de 5 lits de réanimation neurologique, avec de nombreuses lacunes, contrastant fortement avec les défis rencontrés par les victimes et leurs proches face à cette maladie coûteuse.
Une immersion dans le service de neurologie de l’hôpital de Fann révèle une réalité préoccupante. Il ressemble davantage à un lieu de désespoir, car les patients internés ont de faibles chances de survie, et ceux qui survivent en sortent souvent avec des séquelles handicapantes pour le reste de leur vie.
L’historique du Service de Neurologie du Centre national hospitalo-universitaire de Fann à Dakar montre un recul significatif. Actuellement, en 2023, il n’y a que 5 lits de réanimation neurologique pour l’ensemble du Sénégal, alors qu’à une époque, il en comptait 65. Malgré des promesses politiques, les travaux de réhabilitation tardent à démarrer, même trois ans après leur annonce.
De plus, les travaux d’extension de cette structure sont en cours depuis bien plus longtemps que prévu, sans explications claires pour ce retard. De plus, l’ancien service de kinésithérapie a été démoli pour des travaux d’extension, laissant le personnel dans des conditions difficiles.
L’entreprise SONABI, détenue par Katy Gadiaga, tarde à achever les travaux malgré les rappels en Conseil des Ministres il y a plus d’un an, et malgré les visites répétées des autorités responsables, y compris celle de la Ministre de la Santé récemment. Cette situation a un impact négatif sur l’ensemble du système de soins d’urgence et de santé, obligeant les victimes d’AVC à chercher désespérément des places dans Dakar et dans tout le Sénégal, avec des conséquences potentiellement mortelles ou invalidantes.
Après la Journée mondiale des AVC, je dénonce cette situation dramatique dans notre pays. Les compétences médico-chirurgicales de nos concitoyens dans le domaine de la neurologie sont reconnues dans le monde entier, et il est donc essentiel que les instructions du Chef de l’État et du Premier ministre soient mises en œuvre pour résoudre ce problème critique et persistant au Service de Neurologie de l’hôpital de Fann.
Notre centre universitaire a formé des neurologues pour de nombreux pays francophones d’Afrique au fil des décennies. Cependant, nos conditions de formation et de prise en charge des patients ne sont pas conformes aux normes internationales.
Consciente de l’importance de la prévention, une association de soutien aux victimes d’AVC, avec la collaboration de spécialistes, a organisé une randonnée pédestre le 29 octobre, avec l’autorisation du Préfet et le soutien du Ministère de la Santé et de plusieurs sponsors. Malheureusement, dans le contexte de ce chantier de l’hôpital, son personnel se bat tous les jours dans des conditions difficiles pour ne négliger aucun cas qui arrive à lui.
Il est impératif de trouver des solutions urgentes pour permettre aux nombreux malades d’AVC de bénéficier d’une prise en charge correcte dans les structures hospitalières du pays.